Chroniques Noires

Chroniques Noires

Romans noirs • Enquêtes littéraires • Ambiance polar

Mike Rétro & Velda Scope (prod. Jean-Claude )

Bienvenue dans Chroniques Noires, le podcast où Mike Rétro, Velda Scope et leurs complices flairent la poudre des plus grands romans noirs. Chaque épisode décortique un titre culte ou méconnu : thèmes, style, anecdotes d’édition, coulisses historiques. Bande-son jazzy, humour sec, verdict sans langue de bois — de Chandler à Manchette, rien n’échappe à notre lampe de bureau.

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LA NEIGE ETAIT SALE - 1948

CN17 – La neige était sale (1948)

Simenon et la chute glaciale d’un jeune homme perdu

Citation :
"Il avait l’impression de laisser une trace. La neige devenait grise sous ses pas."

Description :
Dans cet épisode de Chroniques Noires, nous explorons l’un des romans les plus sombres de Georges Simenon : La neige était sale. Écrit en 1948 alors que Simenon vivait en exil aux États-Unis, ce texte marque l’un des sommets de ses "romans durs". La ville n’a pas de nom, la neige n’a rien de pur, et l’humanité semble avoir perdu jusqu’à la notion de lumière.

Au centre du récit se tient Frank Friedmaier, dix-neuf ans, élevé dans un environnement saturé de vice et d’indifférence. Il n’est ni un héros ni un criminel de légende. Il est simplement le produit d’un monde où la guerre a brouillé les repères, où le marché noir remplace la morale, et où la violence devient un langage parmi d’autres.
Le roman suit sa chute : un meurtre gratuit, une trahison sordide, un enfermement qui se transforme en prise de conscience trop tardive. Simenon y déploie une atmosphère glaciale, presque étouffante, où la neige ne recouvre rien mais révèle tout.

Anecdote :
En 1950, Frédéric Dard, futur créateur de San-Antonio, adapte La neige était sale pour le théâtre avec l’accord de Simenon. Daniel Gélin, qui incarne Frank, livre une interprétation si intense que plusieurs spectateurs quittent la salle en silence, comme s’ils avaient été témoins d’un procès moral plutôt que d’une pièce.

Pourquoi cet épisode compte :
Parce que La neige était sale n’est pas seulement un roman noir. C’est une réflexion brutale sur l’après-guerre, sur les ruines visibles et invisibles, sur la responsabilité individuelle quand tout s’effondre autour de soi. Simenon y interroge la nature du mal, la possibilité de rédemption, et cette façon qu’ont les vies brisées de continuer malgré tout.
Un texte froid, dur, mais essentiel.

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CELLE QUI N'ETAIT PLUS - BOILEAU-NARCEJAC - 1952

Celle qui n’était plus – Boileau-Narcejac (1952)

Chroniques Noires — Épisode du 21/11/2025

Un réel qui se dérobe

Dans cet épisode, Sam explore Celle qui n’était plus, roman où le crime n’est qu’un déclencheur. Rien de spectaculaire : un fait simple, posé, puis un détail qui ne devrait pas exister… et c’est toute la réalité qui commence à vaciller. Le protagoniste, trop ordinaire pour porter ce poids, glisse lentement sous la surface.

Le noir feutré de Boileau-Narcejac

Le duo signe un texte sec, précis, presque silencieux. Pas d’effets appuyés : une tension qui s’installe à bas bruit, un quotidien banal qui devient menaçant, et une focalisation interne qui enferme le lecteur dans l’esprit d’un homme qui doute de tout — surtout de lui-même.

Une atmosphère simple, mais inquiétante

Pavillons modestes, lampadaires essoufflés, brouillard épais : le roman fabrique une noirceur domestique, sans artifice. C’est dans cette normalité trouée que s’installe la peur : celle de ne plus distinguer ce qui est vrai de ce qui devrait l’être.

Vous entendrez

  • le principe du « suspense inversé »
  • la précision stylistique du duo
  • l’importance du doute et de la perception
  • l’ancrage social du début des années 1950
  • le glissement intérieur du protagoniste
  • Une plongée dans les ombres du quotidien

Sam vous accompagne dans cette histoire où le danger n’est pas le crime, mais ce qu’il ouvre. Un épisode feutré, tendu, où chaque certitude se fissure.

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CN15 – Meurtre à l’anglaise (Cyril Hare, 1951)

🎙️ CN15 – Meurtre à l’anglaise (Cyril Hare, 1951)

Dehors, la neige tombe sur l’Angleterre.

À l’intérieur d’un vieux manoir, la haute société s’étiole, un verre de whisky à la main.

Noël 1951 : un héritier fasciste meurt empoisonné, un ministre socialiste s’interroge, un historien juif observe — et un juge, Cyril Hare, signe le plus élégant réquisitoire de toute la littérature policière britannique.

Meurtre à l’anglaise, c’est un crime en apparence feutré, mais c’est surtout l’autopsie d’un pays en déclin.

Un roman où l’aristocratie se meurt de politesse, où la justice regarde ailleurs, et où la neige couvre les ruines d’un monde trop sûr de sa vertu.

Dans cet épisode, Sam enquête sur la face cachée de l’Angleterre d’après-guerre : celle des privilèges usés et des idéaux trahis.

Une chronique feutrée, noire, ironique — là où le crime n’est qu’un miroir social.


🎧 Ambiance

Jazz feutré, pluie sur la vitre, élégance glacée.

🔎 Informations

  • Auteur : Cyril Hare (Faber & Faber, 1951 ; Rivages Noir, 2023)
  • Durée : environ 30 minutes
  • Thèmes : roman policier britannique, satire sociale, déclin de l’aristocratie, huis clos enneigé

🔗 Lire la chronique complète

👉https://livresetsaveurs.fr/meurtre-a-langlaise-1951/


C’était Sam, pour Chroniques Noires.

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La semaine prochaine, dans Bobards sur Bobines, on quittera la neige pour les lumières d’un autre piège : une grande horloge qui ne pardonne pas.

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L'INCONNU DU NORD-EXPRESS - 1950

Chronique Noire – Épisode 14

L’Inconnu du Nord-Express (1950 – Patricia Highsmith)

Deux inconnus dans un train. Une conversation qui déraille.
Et un pacte meurtrier qu’aucun des deux n’oubliera jamais.

🚆Synopsis

Dans ce quatorzième épisode de Chronique Noire*, Sam reprend le train du crime psychologique et embarque à bord du *Nord-Express de Patricia Highsmith, le roman qui a redéfini les frontières du thriller moral et de la culpabilité contagieuse.

Deux hommes se rencontrent par hasard :
Guy Haines, architecte modèle, prisonnier d’un mariage raté et d’une réputation à sauver.
Charles Anthony Bruno, riche désœuvré, charmant, dangereux, fasciné par le mal comme d’autres par la musique.
Bruno a une idée simple — trop simple : « Si chacun de nous tuait pour l’autre, personne ne pourrait nous relier au crime. »
Ce qui n’était qu’un jeu devient un pacte tacite. Et dans cette spirale infernale, le mal circule comme un virus, invisible mais mortel.

💀 Analyse

L’Inconnu du Nord-Express n’est pas un polar classique.
C’est une expérience de laboratoire sur la conscience humaine.
Highsmith y explore la frontière ténue entre le bien et le mal, la raison et la folie, l’homme et son double.

Guy et Bruno ne sont pas deux personnages opposés : ils sont les deux faces d’une même âme fissurée.
L’un rêve d’ordre, l’autre de chaos, et les deux finissent par se rejoindre dans une zone grise où la morale n’a plus cours.

L’épisode dévoile aussi comment Alfred Hitchcock, en 1951, a transformé cette fable noire en un film visuel et tendu,
remplaçant l’architecte par un joueur de tennis, et le meurtre consommé par une tension sublimée.
Sous le joug du Code Hays**, Hitchcock nettoie la morale, mais la dualité reste intacte :
le mal, ici, change de visage, jamais de place.

🕯️ Contexte & Héritage

Publié en 1950 chez Harper & Brothers, ce premier roman propulse Patricia Highsmith sur la scène internationale.
L’autrice, encore méconnue, y déploie déjà ses obsessions :
la solitude, la duplicité, la tentation du crime, et la fascination pour les amours interdites et refoulées.

Avec L’Inconnu du Nord-Express, Highsmith invente sans le savoir le thriller psychologique moderne.
Elle ouvre la voie à ses propres créatures — de Tom Ripley à d’autres figures du mal élégant —
et influence tout un pan de la culture contemporaine, du cinéma noir américain à la série moderne.

🎧À l’écoute

Voix & narration : Sam
Durée : environ 15 minutes
Production : Livres & Saveurs

Un voyage en première classe pour la conscience humaine.
Et si l’inconnu du train… c’était vous ?

🔗 Écoutez, partagez, suivez

🎧 Disponible sur toutes les plateformes de podcast
📺 Version enrichie sur YouTube : @lejc50

🌐 Article complet sur : livresetsaveurs.fr

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L'ASSASSIN QUI EST EN MOI - 1952

🎙️ Chroniques Noires — Épisode 13

L’assassin qui est en moi — Jim Thompson (1952)


🕵️ Résumé

Une petite ville texane, propre et tranquille.

Des rues qu’on balaie chaque matin, des voisins qui se saluent, un adjoint du shérif poli et discret.

Mais derrière la façade, une fissure s’élargit.

Avec L’assassin qui est en moi, Jim Thompson signe en 1952 un roman noir d’une intensité rare.

Pas de détective, pas d’enquête : juste une voix.

Celle de Lou Ford, adjoint modèle, esprit logique et cœur absent.

Un homme qui parle doucement pendant que tout s’effondre autour de lui.

Thompson n’écrit pas une intrigue — il écrit un basculement intérieur.

Son style sec, chirurgical, colle au souffle d’un homme qui tente de se convaincre qu’il reste normal.

Le résultat : une plongée hypnotique dans la raison déréglée, dans cette zone grise où l’ombre prend la forme de la lucidité.


🗂️ Au sommaire de l’épisode

  • Repérage : Central City, Texas. Le calme, le vernis, le faux confort.
  • Filatures : Les gestes, les masques, les fissures qu’on ne recolle plus.
  • Interrogatoires : La logique malade de l’ordinaire, la confession sans remords.
  • Reconstitution : Thompson, fils de shérif, artisan du noir américain.
  • Bouclage : Une leçon d’humanité tordue, un miroir qui ne renvoie pas la lumière.

📚 Détails techniques

  • Auteur : Jim Thompson
  • Titre original : The Killer Inside Me
  • Publication : 1952 (Fawcett / Gold Medal)
  • Traductions françaises :
    • Le Démon dans ma peau — Gallimard, Série Noire (1966), trad. France-Marie Watkins
    • L’assassin qui est en moi — Payot & Rivages (2012), trad. Jean-Paul Gratias
  • Adaptations :
    • The Killer Inside Me — Film de Burt Kennedy (1976), avec Stacy Keach
    • The Killer Inside Me — Film de Michael Winterbottom (2010), avec Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson

💬 Une phrase à retenir

"Le monstre n’a pas besoin de crier pour être effrayant. Il suffit qu’il raisonne."


🕯️ Notes du chroniqueur

Jim Thompson ne raconte pas des crimes, il raconte des hommes.

Des hommes qui pensent trop, qui s’inventent des raisons, qui confondent le contrôle et la délivrance.

L’assassin qui est en moi n’est pas une lecture confortable — c’est une expérience morale.

Un miroir tendu à chacun de nous.


https://livresetsaveurs.fr/lassassin-qui-est-en-moi-jim-thompson-1952/